Menu
fr / eng

Victor, chef d’orchestre d’un projet innovant de navire écologique

11 03 22

Victor Gibon est à la tête de la construction d’un navire gigantesque nommé « Canopée » qui a pour originalité d’utiliser en partie la propulsion à voile.

Propriété de l’armateur aixois JIFMAR, ce navire sera mis à l’eau ce printemps. Pendant les 15 prochaines années, il  servira à transporter les éléments de la fusée Ariane 6 entre l’Europe et la Guyane pour le compte d’ARIANEGROUP.

Selon Victor, chef de projet chez JIFMAR, « C’est un pari technologique audacieux pris par JIFMAR et ARIANEGROUP qui a pour objectif de fournir […] une solution de transport à la fois écologique et économique. » Par ses dimensions, c’est un projet avec de multiples enjeux tant techniques, contractuels, opérationnels qu’environnementaux auxquels il doit être attentif pour garantir sa réussite.

 

 

Situé en Pologne, le chantier fait appel à des entreprises du monde entier (Italie, Finlande, Pays-Bas…). Coordonner un projet d’une telle envergure est un véritable défi qui demande d’être attentif à tous les détails. Victor compare son rôle à « un chef d’orchestre disposant d’une vue d’ensemble et d’une attention à chacun. » Il s’est orienté dans le domaine de la construction navale au cours de sa formation d’ingénieur à ISAE‑Supméca. Dans cette interview, Victor nous présente les enjeux de son métier et nous raconte comment il est parvenu à diriger un projet innovant de dimension internationale.

 

Bonjour Victor, vous êtes chargé des projets spéciaux dans la société JIFMAR. Pouvez-vous nous dire en quoi le projet sur lequel vous travaillez actuellement est « spécial » ?

Le navire Canopée a vocation d’assurer la logistique maritime d’ArianeGroup entre l’Europe et la Guyane pour les 15 prochaines années. 

En clair, ce navire transportera les différents éléments constitutifs des lanceurs européens depuis plusieurs ports en Europe vers le Centre Spatial Guyanais à Kourou.

Ce projet est spécial à plusieurs titres, à la fois par les dimensions hors normes des colis que nous transportons mais aussi par leurs valeurs exceptionnelles et aux précautions prises pour les manipuler.

Ensuite, et c’est probablement le plus visible : ce projet intègre 4 voiles rigides et articulées à la manière d’une aile d’avion. Ces ‘ailes’ vont participer à La propulsion du navire en supplément des hélices entrainées par des moteurs Diesel.

C’est un pari technologique qui a pour objectif d’offrir à notre client, ArianeGroup, une solution à la fois plus écologique et économique.

 

Quel est le plus grand défi quand on travaille sur un projet d’une telle envergure ? 

Un projet de cette envergure implique nécessairement plusieurs intervenants différents et des enjeux multiples (techniques, contractuels, environnementaux, opérationnels) qui peuvent parfois s’opposer et sont autant de défis.

À chaque instant, le défi est de rester lucide sur les enjeux. Il faut alors prendre de la hauteur et réussir à avoir une vision globale du projet. Cette prise de recul n’empêche pas de devoir comprendre les problématiques techniques de détails qui sont souvent très complexes. L’enjeu est de passer constamment de l’un à l’autre sans s’égarer. J’adhère assez à l’analogie avec le chef d’orchestre disposant d’une vue d’ensemble et d’une attention à chacun.

 

Comment arriver à gérer une équipe internationale ?

La réussite d’un tel projet est celle d’une équipe au sens large. A la fois l’équipe interne à la société que l’on peut choisir et l’équipe externe qui est composée de tous les sous-traitants et autres parties prenantes.

Entre autres tâches, le chef de projet a la responsabilité d’organiser et de cadrer les échanges. Il faut veiller aux difficultés de communication classique auxquelles s’ajoute parfois des biais culturels.

Je constate que nombre de blocages proviennent souvent d’une mauvaise interprétation de l’autre. Autrement dit, ce n’est pas parce que les gens se parlent qu’ils se comprennent forcément.

Depuis 2 ans, l’omniprésence des Visio-conférences fait ressortir 2 points : les échanges « électroniques » sont pratiques mais la qualité de la communication est inférieur à celle d’une réunion présentielle.

Pire, la tendance à la démultiplication de ces réunions appauvrit souvent leur contenu. Il y a un point d’équilibre à trouver qui repose sur la compréhension et la connaissance des interlocuteurs.

 

Quel est votre parcours depuis la sortie de l’école ?

J’ai été diplômé de Supméca en 2009 après un passage par les sites de Toulon puis de St Ouen. Bien qu’originaire de la ville du Havre et donc proche du milieu maritime, je me suis orienté presque par hasard dans ce secteur. J’ai effectué un premier stage dans un chantier naval aux Pays-Bas où j’ai pu observer la construction de plusieurs navires, puis un second dans un cabinet d’architecture naval en France où je suis finalement resté 7 ans. 

Après cette période, j’étais désireux de me confronter à des problématiques opérationnelles par conséquent je suis parti travailler 4 ans chez un armateur français où j’ai découvert le secteur des réseaux télécoms sous-marins qui assurent discrètement mais sûrement (99% des échanges y transitent !) l’architecture physique du Web. Durant cette période, on m’a donné l’opportunité de suivre la conversion d’un navire qui a été transformé pour réparer les câbles de fibre optique au fond de l’océan.

Après cette seconde expérience professionnelle, JIFMAR m’a proposé de m’occuper de suivre la construction du navire Canopée. Au-delà des enjeux maritimes, je découvre aujourd’hui l’univers fascinant des lanceurs spatiaux avec ArianeGroup.

 

Toutes les actualités d’ISAE-Supméca